Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/428

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dangereux et les autres comme impraticables.

De Coninck réfléchissait toujours, la tête penchée ; il écoutait bien tout ce qui se disait, mais cela ne l’empêchait pas de poursuivre ses méditations.

Enfin Guy lui demanda quelles ressources il pouvait indiquer en d’aussi tristes circonstances.

— Monseigneur, répondit de Coninck en relevant la tête, si j’étais chef, voici ce que je ferais : je me hâterais de me rendre avec les métiers de Bruges à Courtray, pour chasser de cette ville le châtelain de Lens ; il en résulterait que les Français ne pourraient se servir de cette ville comme centre de leurs opérations dans notre pays ; nous y trouverions, nous, un asile sûr pour les femmes, les enfants et pour nous-mêmes ; car Courtray, grâce à sa citadelle, est forte tandis que la ville de Bruges, dans l’état où elle se trouve aujourd’hui, ne saurait supporter un seul assaut. De plus, j’enverrais sur-le-champ une trentaine de messagers dans toutes les villes de Flandre avec la nouvelle de l’approche de l’ennemi et l’appel de tous les klauwaerts à Courtray ; j’y ferais venir de même monseigneur de Juliers et messire de Renesse. Grâce à ces mesures, noble comte, je suis sûr qu’en trois ou quatre jours l’armée flamande compterait trente mille combattants, et, dès lors, nous n’aurions plus lieu de tant redouter l’ennemi.

Les chevaliers écoutaient dans un religieux silence ; ils admiraient l’homme extraordinaire qui, en si peu d’instants, avait conçu un plan général de défense, et