Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/454

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mille tisserands de de Coninck formaient l’extrémité de l’aile droite. Le premier rang de son corps consistait en tireurs qui portaient une pesante arbalète sur l’épaule et, sur le côté, un carquois rempli de flèches à pointe de fer ; ils n’avaient pour toute arme défensive qu’une grossière plaque de fer, fixée par quatre courroies sur la poitrine. Au-dessus des six derniers rangs s’élevaient à dix pieds de haut des milliers de piques ; cette arme, qui n’était autre que la fameuse goedendag, était la plus redoutée des Français, parce qu’elle permettait d’atteindre et de percer facilement les chevaux ; nulle cuirasse ne pouvait garantir contre les coups de cette redoutable pique ; tout cavalier atteint vidait infailliblement les arçons.

Du même côté se trouvaient aussi les Yprois à l’élégant costume : leur premier rang se composait de cinq cents hommes robustes, dont le vêtement rouge avait la nuance du plus beau corail. D’ondoyants panaches retombaient sur leurs épaules du sommet d’un casque à la forme gracieuse ; d’énormes massues garnies de pointes de fer, reposaient sur le sol et leur main vigoureuse en serrait la poignée ; de petites plaques de fer couvraient leurs bras et leurs jambes. Les autres rangs de cette belle troupe étaient tous vêtus de vert ; des arcs de fer détendus dépassaient leurs têtes.

L’aile gauche se composait uniquement des dix mille hommes de Breydel ; d’un côté les innombra-