Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/462

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terminés qui aspirent à la bataille comme à une fête ; ils n’ont pas encore eu un morceau de pain aujourd’hui.

— Je pensais bien que de grands obstacles vous retenaient, messire Borlunt, et je craignais que vous ne vinssiez pas.

— Comment, monseigneur Guy, je ne serais pas venu à Courtray ! Moi qui ai versé mon sang pour l’étranger, je ne serais pas venu en aide à ma patrie en détresse ! C’est ce dont les Français feront l’expérience. Il me semble que je n’ai pas trente ans… Et mes hommes, mon Dieu ! attendez, noble comte, que vienne l’heure sanglante, et vous verrez comment, le Lion de Gand en tête, ils tomberont sur l’ennemi.

— Ce que vous me dites me réjouit fort, messire Borlunt ; nos gens aussi sont courageux et résolus ; si nous devions perdre la bataille, il y aurait peu de Flamands qui reviendraient chez eux, je vous l’assure.

— Perdre la bataille, dites-vous ? la perdre, mon seigneur Guy ? Je n’y crois pas : nos hommes sont de trop bonne volonté. Et Breydel donc ? La victoire rayonne sur son visage. Voyez-vous, monseigneur, je parierais ma tête que, si on laissait faire Breydel, il passerait à travers les soixante-deux mille Français avec ses bouchers, comme on passe à travers un champ de blé. Dieu et monseigneur saint Georges nous viendront en aide ; ayez bon espoir ! Mais, pardonnez-moi, monseigneur Guy, voici mes hommes. Je vous quitte pour un instant.