Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/499

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nison française et de l’empêcher de faire des sorties. On plaça une garde nombreuse à la porte de Pierres pour retenir les femmes et les enfants à l’intérieur des murs ; l’anxiété était si grande dans cette partie de la population, qu’ils voulaient, dès la nuit même, s’enfuir à travers champs. Une mort, pour ainsi dire inévitable, les menaçaient ; car, d’un côté, le châtelain de Lens pouvait, à tout instant, sortir de la citadelle à la tête de ses cruels soudards et, d’autre part, la perspective était encore plus horrible, car ils n’avaient pas assez de confiance dans le petit nombre de leurs frères armés, pour espérer que ceux-ci pussent remporter la victoire. Et vraiment, si l’héroïque intrépidité des Flamands ne les eût empêchés de mesurer l’imminence du péril, ils eussent songé à adresser à Dieu leur dernière prière ; car, outre que l’infanterie ennemie était supérieure en nombre à la leur, ils avaient de plus à combattre trente-deux mille cavaliers.

Les chefs de l’armée flamande calculaient de sang-froid les chances que leur offrait la bataille imminente, et, quelles que fussent leur bravoure et leur ardeur à engager la lutte, ils ne pouvaient se dissimuler le danger : la plus héroïque résolution n’empêche pas l’homme de voir le côté critique de la situation ; le courage ne dissipe pas la crainte innée que nous avons de la mort, mais il donne à l’homme assez de force pour surmonter et vaincre des émotions qui lui ôtent son énergie ; ce n’est que dans