Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/50

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— Guillaume, mon fils, que demandes-tu donc à Dieu avec tant de ferveur ?

— Je prie pour ma pauvre sœur Philippine, répondit le jeune homme. Dieu sait, ô mon père, si la reine Jeanne ne l’a pas déjà précipitée dans la tombe… mais, s’il en est ainsi, mes prières sont pour son âme !

À ces mots, il baissa profondément la tête, comme s’il voulait cacher deux larmes qui s’échappaient de ses yeux.

Le pauvre père poussa un long soupir ; il sentait dans son cœur la même triste prédiction que son fils ; car Jeanne de Navarre était une méchante et cruelle femme ; mais il ne laissa rien voir de sa douleur et il reprit :

— Il n’est pas raisonnable, Guillaume, de s’attrister par des prévisions sinistres. L’espoir est donné pour consolation à l’homme sur la terre ; et pourquoi n’espérerais-tu pas ? C’est bien à toi de ne pas être insensible au triste sort de ta sœur ; mais, au nom de Dieu, fais des efforts pour chasser loin de toi le morne désespoir qui t’accable ?

— Vous voulez que je ne pleure plus, mon père ? Puis-je donc sourire alors que notre pauvre Philippine gémit au fond d’un cachot ? Non, je ne le puis. Ses larmes coulent en silence sur le sol glacé de sa prison ; elle raconte au ciel ses douleurs ; elle vous appelle, mon père ; elle nous appelle tous à son aide, — et qui lui répond ? Les lugubres échos souterrains