Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/526

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nemis acharnés ; mais ils en avaient abattu un si grand nombre dès le commencement de la lutte, que les cadavres amoncelés, ayant atteint une certaine hauteur, rendaient l’accès difficile aux autres cavaliers et leur servait en quelque sorte de rempart.

Emporté par l’impatience et la colère, le sire de Châtillon arracha des mains d’un de ses hommes une longue lance et s’élança sur Guy. Le jeune comte n’eût infailliblement pas échappé à la mort, car, occupé à lutter contre d’autres agresseurs, il ne voyait pas fondre sur lui son nouvel adversaire. Déjà la lance allait le frapper au cou en s’introduisant entre le casque et la cuirasse, lorsque Adolphe de Nieuwland leva son épée avec la rapidité de l’éclair, coupa en deux la hampe de la lance et sauva ainsi la vie à son chef.

Au même instant, et avant que le sire de Châtillon eût eu le temps de reprendre son épée, Adolphe bondit au-dessus des cadavres, et, se trouvant en face du chevalier français, lui asséna sur la tête un coup si terrible qu’il lui enleva une grande partie de la joue avec un morceau de son casque. Le sang coula à flots sur ses épaules, et il voulut continuer à se défendre, mais deux coups plus formidables encore lui firent vider les arçons et le renversèrent sous les pieds des chevaux. Les Flamands s’emparèrent de lui, l’entraînèrent en arrière de la ligne de bataille et lui portèrent mille coups en lui re-