Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/553

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traisiens répondaient par des acclamations plus énergiques encore. Eux aussi pouvaient crier victoire ; car, pendant que les deux armées luttaient dans la plaine de Groningue, le châtelain de Lens était tombé de la citadelle sur la ville avec une centaine de ses hommes, et peut-être eussent-ils réduit Courtray en cendres, mais les Yprois combattirent les Français avec tant d’intrépidité, que l’ennemi fut forcé de regagner en désordre la citadelle. Messire de Lens, en faisant le compte de ses hommes, constata que la dixième partie seulement avait échappé à la fureur des habitants de la ville.

La plupart des chefs et des nobles s’étaient rendus au camp et s’étaient groupés autour du chevalier à l’armure dorée : ils exprimaient à celui-ci toute leur reconnaissance ; mais lui, craignant de se faire connaître, ne leur répondait point. Le comte Guy, qui se trouvait à côté de lui, se tourna vers les autres chevaliers et leur dit :

— Messires, le chevalier qui a si miraculeusement sauvé et nous tous et le pays de Flandre, est un croisé qui désire ne pas être connu. Le plus noble fils de la Flandre porte son nom.

Les chevaliers se turent, mais cherchèrent, chacun à part soi, à deviner quel était l’homme qui était à la fois de si noble race, si brave et si fort. Ceux qui avaient assisté à la rencontre dans le bois de Dale savaient depuis longtemps qui c’était, mais ils n’osaient se prononcer, parcequ’ils avaient solennelle-