Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/558

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À mesure que les Gantois se répandaient sur le champ de bataille, les corbeaux s’envolaient devant eux et allaient s’abattre plus loin sur une nouvelle proie. On rechercha tous ceux dont le cœur battait encore et on les transporta au camp pour les rappeler à la vie. Une troupe nombreuse était allée puiser, dans toutes sortes de vases, de l’eau fraîche du ruisseau de Gavres pour soulager ceux qui étaient encore en vie. C’était un spectacle émouvant à voir que l’avidité avec laquelle les blessés buvaient cette eau rafraîchissante et la reconnaissance avec laquelle ils la recevaient, les larmes aux yeux, des mains de leurs frères ou de leurs ennemis[1]. Quand on était occupé de l’un d’eux, des bras suppliants se levaient dans le voisinage, et nombre de voix faibles disaient :

— Oh ! soulagez-moi aussi ; donnez-moi une seule goutte d’eau. Au nom de la passion de notre Sauveur, frères, rafraîchissez mes lèvres et délivrez-moi de la mort…

Les Gantois avaient reçu l’ordre de transporter au camp tous les chevaliers flamands qu’ils trouveraient morts ou vivants ; déjà ils avaient examiné près de la moitié des cadavres et exploré une grande

    Jean Cruke ; Jean, sire d’Emmery, chambellan du roi ; les comtes d’Angers, de Champagne, de Dreux, de Trappe, d’Auge, de Los, de Vendôme, de Bourbon, de Tweessen et d’Etampes ; le comte de Bar et ses trois frères ; le comte d’Albe et ses trois frères ; le duc de Berri, le prince de Chimpy.

  1. Voir van Velthem. Spiegel Historiael.