Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/572

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lation pour moi que votre présence. Je puis mourir : la patrie est libre ! Vous occuperez désormais en paix le trône de vos pères… Je quitte ce monde avec joie, maintenant que l’avenir promet un long bonheur à vous et à votre noble fille. Oh ! croyez-en celui qui touche à sa dernière heure, vos infortunes étaient plus cruelles pour votre indigne serviteur que pour vous-même. Que de fois, dans le secret des nuits, j’ai baigné de pleurs ma couche, en songeant à la triste situation de la noble Mathilde, et à votre captivité !…

Il tourna légèrement la tête vers Mathilde et fit couler plus abondamment ses larmes en continuant ainsi :

— Ne pleurez pas, noble comtesse, je ne mérite pas cette affectueuse compassion. Il y a une autre vie ! J’y reverrai ma bonne sœur. Restez ici-bas pour y être le soutien de la vieillesse de votre père, et songez parfois dans vos prières au frère dévoué qui est condamné à se séparer de vous…

Tout à coup il cessa de parler et promena autour de lui un regard surpris :

— Mais, mon Dieu ! dit-il en fixant sur le prêtre un œil interrogateur, qu’est-ce ? Je sens une nouvelle force en moi ; le sang circule plus librement dans mes veines !

Mathilde se releva vivement et contempla son bien-aimé avec une douloureuse attente.

Tous les yeux se portèrent avec anxiété sur le