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Page:Conscience - Le pays de l'or, 1869.djvu/62

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de genièvre, et vous la garderez jusqu’à l’heure de ma visite, afin que je sois convaincu que vous n’en avez pas bu.

Le matin, le docteur allait faire sa ronde et se faisait montrer, par chacun de ses malades, réels ou imaginaires, sa ration de genièvre. Pour être sûr que ce n’était pas de l’eau, le docteur se versait la ration dans le gosier. Cet homme n’était qu’un passager ordinaire, mais, comme il n’y avait pas d’autre médecin à bord, il avait assez de clients ; il en résultait qu’il était toujours ivre, et que, du matin au soir, il arpentait le pont en zigzag avec un nez cramoisi, tâtant le pouls à l’un et à l’autre, et bégayant :

— Pas boire de genièvre, vous comprenez ! Mais vous devez néanmoins le recevoir, entendez-vous ? C’était ce singulier personnage qui avait donné à Donat Kwik une pinte d’eau de mer avec du poivre d’Espagne, comme remède contre le mal de mer. Le paysan, quand il rencontra celui par qui il avait cru être empoisonné, le salua du sobriquet