Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/204

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les a vus naître, ils vont droit leur chemin, au rebours de la mode régnante ; ce ne sont pas des amalgames de sang, d’argot, d’infamies, d’adultères, de crudités sans voile, d’incrédulité railleuse, de découragement désolant ; ils ne font pas dresser les cheveux sur la tête du lecteur qui tremble pour sa propre vertu et pour l’avenir de l’humanité. Non, non, ils n’ont pas été inspirés par le démon du désespoir et de la haine. La nature, dans sa fraîcheur immaculée, en a tissé l’humble étoffe où brille seulement çà et là une perle pure, dérobée à l’âme humaine. Pour les goûter, il ne faut pas être tout à fait désenchanté ; ils ne touchent que les fibres les plus délicates du cœur ; les fibres du charme de la vie, de l’amour de Dieu et du prochain, celles-là même que corrompent et brisent les élucubrations péniblement tourmentées dont nous venons de parler.

Ainsi, lecteurs et lectrices, si je promets ici de vous raconter les histoires que j’ai entendues au foyer de la vieille auberge, ou que j’ai recueillies moi-même dans la Bruyère, ne vous attendez à rien autre chose qu’a la fidèle peinture des paisibles mœurs des habitants de la Bruyère, — et soyez indulgents pour moi qui entreprends, pour vous plaire, d’écrire tout un gros livre sur un si mince sujet.

À vous, amis Flamands, est offerte avec l’histoire du Conscrit, la première fleur de la couronne. Puisse un favorable accueil de votre part être ma récompense et m’encourager à m’acquitter le plus tôt possible de ma promesse tout entière !