Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/525

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’AUBERGISTE DE VILLAGE

— BAES GANSENDONCK —



SOUVENIR



Dans un village de la Campine anversoise, entre Hoogstraten et Calmpthout, demeurait Pierre Gansendonck, baes[1] de l’auberge du Saint-Sébastien. Je l’ai connu après 1830, alors que j’étais soldat. Toutefois mes souvenirs de cette époque ne me rappellent rien sur son compte, sinon qu’il ne pouvait souffrir soldats ni paysans, et aimait par-dessus tout à avoir affaire aux officiers. Aussi était-il très-irrité contre le bourgmestre, parce que celui-ci avait pris le capitaine de la compagnie dans sa propre maison, placé les trois autres officiers chez le baron, le notaire et le docteur, et n’avait laissé à héberger à lui, Pierre Gansendonck, que le sergent-major votre très-humble serviteur.

  1. Le mot Baes (prononcez Bâze) signifie proprement maître ; on l’emploie dans le langage ordinaire pour désigner le chef de la maison, et plus spécialement le maître d’une auberge, d’un estaminet, d’un cabaret, etc.