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III


Le lendemain, dès que les premières rougeurs du matin vinrent colorer l’horizon, chacun se mit à l’œuvre au Grinselhof. La fermière et sa servante nettoyaient les escaliers et le corridor ; le fermier appropriait l’écurie ; son fils arrachait les mauvaises herbes des grandes allées du jardin. De bonne heure, Lénora époussetait tout dans la salle à manger, et disposait artistement les petits Objets de fantaisie qui garnissaient l’armoire et la cheminée.

C’était une vie et un mouvement comme on n’en avait pas vu au Grinselhof depuis dix ans. On s’apercevait que les gens de la ferme y allait de tout cœur ; sur leur visage resplendissait une expression de triomphe, comme s’ils eussent été enchantés de combattre cette mortelle solitude qui, pendant si longtemps, avait régné sans contestation dans ces lieux.

Monsieur de Vlierbecke, bien qu’il fût intérieurement plus ému que les autres, se promenait çà et là avec un calme apparent et allait de l’un à l’autre, encourageant chacun par quelques paroles affables, et dirigeant tout Sans laisser néanmoins paraître le moins du monde qu’il Se préoccupât beaucoup de ce qui allait arriver. Il flattait en souriant l’amour-propre de ces gens simples, et leur donnait à entendre, sous le voile d’une bienveillante plaisanterie, que ce serait un honneur pour eux si ses hôtes se montraient satisfaits de la réception.

Jamais le fermier ni sa femme n’avaient vu monsieur