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salaire, la désertion des travailleurs, l’avilissement de l’autorité intelligente.

Le principe de l’association concilie toutes les conditions avec celle de la liberté. Préconisé pour le bien-être d’une liberté déjà ancienne et perfectionnée, il se recommandait davantage à une liberté récente plus désirée que comprise, il autorisait une discipline presque de famille et dégageait les abords de la justice de ces passions effervescentes qu’y avaient ameutées le bill anglais ; bon comme préparation et comme transition, il restait tel sous la main du gouvernement, aussi long-temps que les besoins satisfaits conseillaient de le conserver permanent. C’est à ce principe que les colons ont emprunté une nouvelle formule de travail. Ils ont l’honneur d’adresser au gouvernement de Votre Majesté leurs premières études, qui ne peuvent manquer de se perfectionner par de réciproques observations consciencieusement échangées entre lui et le conseil colonial.

Sire, les colons sont malheureux… nous ne sommes plus au temps où l’esclavage, défendu comme une nécessité, excitait la France à s’armer contre eux d’une législation rigoureuse… Cette législation, si elle avait pour objet de préparer l’esclave à la liberté, s’écarte évidemment de son but, car la liberté civilisée est inséparable de l’ordre et du travail, et cette législation y porte atteinte… Si c’était le maître qu’elle voulait y préparer, ce but a été dépassé, car les colons ont offert à la France de marcher avec elle dans la voie de l’émancipation. Que Votre Majesté daigne donc tempérer cette législation dont l’exercice est devenu intolérable ; qu’elle veuille adoucir ces ordonnances travesties en loi des suspects ; qu’elle rappelle la confiance dans une société où règne en ce moment l’intimidation.

Là ne se bornent pas les plaintes et les prières des colons : des préventions qu’ils ne veulent pas discuter les ont récemment privés de leurs juges naturels : une cour criminelle tient entre ses mains leurs fortunes, leurs vie et leur honneur, et les juges qui la composent sont amovibles !  !… C’est cependant au nom du Roi que se rend la justice. Sire, l’inamovibilité de la magistrature, en garantissant l’indépendance des juges, rassure la conscience des