Page:Considérations sur la France.djvu/111

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qui nourrit et propage la flamme du fanatisme. Soit : Dioclétien favorisa le christianisme ; mais, dans cette supposition, Constantin devoit l’étouffer, et c’est ce qui n’est pas arrivé. Il a résisté à tout, à la paix, à la guerre, aux échafauds, aux triomphes, aux poignards, aux délices, à l’orgueil, à l’humiliation, à la pauvreté, à l’opulence, à la nuit du moyen âge et au grand jour des siècles de Léon X et de Louis XIV. Un empereur tout-puissant et maître de la plus grande partie du monde connu, épuisa jadis contre lui toutes les ressources de son génie ; il n’oublia rien pour relever les dogmes anciens ; il les associa habilement aux idées platoniques, qui étoient à la mode. Cachant la rage qui l’animoit sous le masque d’une tolérance purement extérieure, il employa contre le culte ennemi les armes auxquelles nul ouvrage humain n’a résisté ; il le livra au ridicule : il appauvrit le sacerdoce pour le faire mépriser ; il le priva de tous les appuis que l’homme peut donner à ses œuvres : diffamations, cabales, injustice, oppression, ridicule, force et adresse, tout fut inutile ; le Galiléen l’emporta sur Julien le philosophe.