Page:Considérations sur la France.djvu/42

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genre, il est aisé de passer les bornes, lorsqu’il s’agit de crimes de Lèse-Majesté, et que la flatterie se fait bourreau. L’humanité n’a point encore pardonné à l’ancienne législation françoise l’épouvantable supplice de Damiens[1]. Qu’auroient donc fait les magistrats françois de trois ou quatre cents Damiens, et de tous les monstres qui couvroient la France ? Le glaive sacré de la justice seroit-il donc tombé sans relâche comme la guillotine de Robespierre ? Auroit-on convoqué à Paris tous les bourreaux du Royaume et tous les chevaux de l’artillerie, pour écarteler des hommes ? Auroit-on fait dissoudre dans de vastes chaudières le plomb et la poix, pour en arroser des membres déchirés par des tenailles rougies ? D’ailleurs, comment caractériser les différents crimes ? comment graduer les supplices ? et surtout comment punir sans lois ? On auroit choisi, dira-t-on, quelques grands coupables, et tout le reste auroit obtenu grâce. C’est précisé-

  1. Avertere omnes a tanta foeditate spectaculi oculos. Primum ultimumque illud supplicium apud Romanos exempli parum memoris legum humanarum fuit. Tit. Liv., I, 28, de suppl. Mettii.