Page:Considérations sur la France.djvu/73

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des commotions politiques. En un mot, on diroit que le sang est l’engrais de cette plante qu’on appelle génie.

Je ne sais si l’on se comprend bien, lorsqu’on dit que les arts sont amis de la paix. Il faudroit au moins s’expliquer, et circonscrire la proposition ; car je ne vois rien de moins pacifique que les siècles d’Alexandre et de Périclès, d’Auguste, de Léon X et de François Ier, de Louis XIV et de la reine Anne.

Seroit-il possible que l’effusion du sang humain n’eût pas une grande cause et de grands effets ? Qu’on y réfléchisse : l’histoire et la fable, les découvertes de la physiologie moderne, et les traditions antiques, se réunissent pour fournir des matériaux à ces méditations. Il ne seroit pas plus honteux de tâtonner sur ce point que sur mille autres plus étrangers à l’homme.

Tonnons cependant contre la guerre, et tâchons d’en dégoûter les Souverains ; mais ne donnons pas dans les rêves de Condorcet, de ce philosophe si cher à la révolution, qui employa sa vie à préparer le malheur de la perfection présente, léguant bénignement la génération à nos neveux. Il n’y