Page:Considérations sur la France.djvu/80

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engager à croire à la République de vingt-quatre millions d’hommes ? Deux choses seulement: 1° Rien n’empêche qu’on ne voie ce qu’on n’a jamais vu ; 2° la découverte du système représentatif rend possible pour nous ce qui ne l’étoit pas pour nos devanciers. Examinons la force de ces deux argumens.

Si l’on nous disoit qu’un dé, jeté cent millions de fois, n’a jamais présenté, en se reposant, que cinq nombres, 1, 2, 3, 4 et 5, pourrions-nous croire que le 6 se trouve sur l’une des faces ? Non, sans doute ; et il nous seroit démontré, comme si nous l’avions vu, qu’une des six faces est blanche, ou que l’un des nombres est répété.

Eh bien ! parcourons l’histoire ; nous y verrons ce qu’on appelle la Fortune, jetant le dé sans relâche depuis quatre mille ans : a-t-elle jamais amené GRANDE RÉPUBLIQUE ? Non. Donc ce nombre n’étoit point sur le dé.

Si le monde avoit vu successivement de nouveaux gouvernemens, nous n’aurions nul droit d’affirmer que telle ou telle forme est impossible, parce qu’on ne l’a jamais vue ; mais il en est tout autrement : on a vu toujours la monarchie et quelquefois la ré-