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Page:Considerant - Bases de la politique positive, manifeste de l'école sociétaire fondée par Fourier.djvu/12

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de la confusion de Babel : aussi les géomètres s’entendent-ils et s’accordent-ils fort bien quand ils parlent géométrie, parce que les mots de cette langue, carré, angle, cercle, sinus, etc., etc., sont des termes exactement définis et dont le sens est très-nettement fixé dans l’esprit des géomètres. Les mêmes hommes cessent de se comprendre, de s’accorder et divaguent à l’envi, dès qu’ils parlent politique, philosophie ou morale, par la raison fort simple que les mots droits, liberté, égalité, matière, esprit, ordre, société, morale, passion, etc., etc., ont mille sens, comportent souvent les idées les plus contradictoires, et que, sur des bases aussi vagues, aussi mouvantes, il est absolument impossible que l’on puisse rien constituer de solide, de rigoureux, de scientifique. — Ainsi le monde mathématique que crée l’esprit de l’homme et où il établit à priori les définitions, s’est le premier dégagé de l’obscurité. Le monde physique, grâce à l’exactitude introduite dans les observations et par suite dans les définitions, marche rapidement vers la lumière ; mais le monde moral est encore plongé dans des ténèbres profondes, et l’on entend même affirmer tous les jours « qu’il est impossible de constituer une science fixe dans l’ordre de la trop mobile et trop capricieuse activité humaine. »

Quoi qu’il en soit de cette opinion, bien superficielle à notre sens, chacun accordera que, dans les matières sociales et philosophiques, on ne saurait trop se tenir en