Page:Constant - Œuvres politiques, 1874.djvu/171

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Cette dissolution n’est point, comme on l’a dit, un outrage aux droits du peuple ; c’est au contraire, quand les élections sont libres, un appel fait à ses droits en faveur de ses intérêts. Je dis, quand les élections sont libres ; car, quand elles ne sont pas libres, il n’y a point de système représentatif.

Entre une assemblée qui s’obstinerait à ne faire aucune loi, à ne pourvoir à aucun besoin, et un gouvernement qui n’aurait pas le droit de la dissoudre, quel moyen d’administration resterait-il ? Or, quand un tel moyen ne se trouve pas dans l’organisation politique, les événements le placent dans la force. La force vient toujours à l’appui de la nécessité. Sans la faculté de dissoudre les assemblées représentatives, leur inviolabilité sera toujours une chimère. Elles seront frappées dans leur existence, faute d’une possibilité de renouveler leurs éléments.

La constitution de l’an VIII avait interdit la discussion publique dans les assemblées ; la charte royale ne l’avait permise qu’avec beaucoup de restrictions, pour une des chambres, et avait entouré toutes les délibérations de l’autre d’un mystère qu’aucun motif raisonnable ne pouvait expliquer. Nous sommes revenus à des idées simples. Nous avons senti que l’on ne s’assemblait que dans l’espoir de s’entendre, que pour s’entendre il fallait parler, et que des mandataires n’étaient