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II


DES RÉACTIONS POLITIQUES.

I

Pour que les institutions d’un peuple soient stables, elles doivent être au niveau de ses idées. Alors il n’y a jamais de révolutions proprement dites. Il peut y avoir des chocs, des renversements individuels, des hommes détrônés par d’autres hommes, des partis terrassés par d’autres partis ; mais tant que les idées et les institutions sont de niveau, les institutions subsistent.

Lorsque l’accord entre les institutions et les idées se trouve détruit, les révolutions sont inévitables. Elles tendent à rétablir cet accord. Ce n’est pas toujours le but des révolutionnaires, mais c’est toujours la tendance des révolutions.

Lorsqu’une révolution remplit cet objet du premier coup, et s’arrête à ce terme, sans aller au-delà, elle ne produit point de réaction, parce qu’elle n’est qu’un passage, et que le moment de l’arrivée est aussi celui du repos. Ainsi, les révolutions de Suisse, de Hollande, d’Amérique, n’ont été suivies d’aucune réaction.