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III


DES CONSTITUTIONS.

Une constitution est un acte d’union qui fixe les rapports réciproques du monarque et des peuples, et leur indique les moyens de se soutenir, de s’appuyer et de se seconder mutuellement. Pour qu’ils se soutiennent et s’appuient, il faut déterminer la sphère des divers pouvoirs, et en marquant leur place et leur action l’un sur l’autre, les préserver des chocs inattendus et des luttes involontaires.

N’existait-il pas autrefois en France une constitution, maintenant oubliée, qui réunissait tous les avantages, et ne suffisait-il pas de la rétablir ?

Ceux qui l’affirment tombent dans une singulière méprise. Ils partent d’un principe vrai ; c’est que les souvenirs, les habitudes, les traditions des peuples doivent servir de base à leurs institutions. Mais, de leur aveu, l’on a oublié l’ancienne constitution française, et non-seulement ils en conviennent, mais ils en fournissent la preuve, car ils sont réduits à s’épuiser en raisonnements pour démontrer qu’elle a existé[1]. N’est-il pas

  1. Benjamin Constant répond ici aux politiques rétrospectifs qui voulaient faire revivre la constitution de l’ancienne monarchie. Il est dans la stricte vérité historique lorsqu’il dit que cette constitution