faitement libre. J’ai de ma fortune particulière soixante-quinze louis de rente ; c’est assez pour moi. Vous restez encore ici six semaines. Quand vous partirez, je pourrai peut-être me rapprocher de vous ; vous reviendrez peut-être me voir. Et, comme si elle eût redouté une réponse, elle entra dans une foule de détails relatifs à ses projets. Elle chercha de mille manières à me persuader qu’elle serait heureuse ; qu’elle ne m’avait rien sacrifié ; que le parti qu’elle avait pris lui convenait, indépendamment de moi. Il était visible qu’elle se faisait un grand effort, et qu’elle ne croyait qu’à moitié ce qu’elle me disait. Elle s’étourdissait de ses paroles, de peur d’entendre les miennes ; elle prolongeait son discours avec activité pour retarder le moment où mes objections la replongeraient dans le désespoir. Je ne pus trouver dans mon cœur de lui en faire aucune. J’acceptai son sacrifice, je l’en remerciai ; je lui dis que j’en étais heureux : je lui dis bien plus encore ;
Page:Constant - Adolphe.djvu/104
Apparence