Page:Constant - Adolphe.djvu/112

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la plus vive, l’ayant forcée, par ses persécutions indiscrètes, à ne plus le recevoir, se permit contre elle des railleries outrageantes qu’il me parut impossible de souffrir. Nous nous battîmes ; je le blessai dangereusement, je fus blessé moi-même. Je ne puis décrire le mélange de trouble, de terreur, de reconnaissance et d’amour, qui se peignit sur les traits d’Ellénore lorsqu’elle me revit après cet événement. Elle s’établit chez moi, malgré mes prières ; elle ne me quitta pas un seul instant jusqu’à ma convalescence. Elle me lisait pendant le jour, elle me veillait durant la plus grande partie des nuits ; elle observait mes moindres mouvements, elle prévenait chacun de mes désirs ; son ingénieuse bonté multipliait ses facultés et doublait ses forces. Elle m’assurait sans cesse qu’elle ne m’aurait pas survécu ; j’étais pénétré d’affection, j’étais déchiré de remords. J’aurais voulu trouver en moi de quoi récompenser un attachement si constant et si tendre ; j’appelais à mon aide