lui répondis-je, de vous écouter en silence ; mais je me dois aussi de vous déclarer que vous ne m’avez point ébranlé. Personne que moi, je le répète, ne peut juger Ellénore ; personne n’apprécie assez la vérité de ses sentiments et la profondeur de ses impressions. Tant qu’elle aura besoin de moi, je resterai près d’elle. Aucun succès ne me consolerait de la laisser malheureuse ; et dussé-je borner ma carrière à lui servir d’appui, à la soutenir sans ses peines, à l’entourer de mon affection contre l’injustice d’une opinion qui la méconnaît, je croirais encore n’avoir pas employé ma vie inutilement.
Je sortis en achevant ces paroles : mais qui m’expliquera par quelle mobilité le sentiment qui me les dictait s’éteignit avant même que j’eusse fini de les prononcer ? Je voulus, en retournant à pied, retarder le moment de revoir cette Ellénore que je venais de défendre ; je traversai précipitamment la ville : il me tardait de me trouver seul.