L’idée de la mort a toujours eu sur moi beaucoup d’empire. Dans mes affections les plus vives, elle a toujours suffi pour me calmer aussitôt ; elle produisit sur mon âme son effet accoutumé ; ma disposition pour Ellénore devint moins amère. Toute mon irritation disparut ; il ne me restait de l’impression de cette nuit de délire qu’un sentiment doux et presque tranquille : peut-être la lassitude physique que j’éprouvais contribuait-elle à cette tranquillité.
Le jour allait renaître ; je distinguais déjà les objets. Je reconnus que j’étais assez loin de la demeure d’Ellénore. Je me peignis son inquiétude, et je me pressais pour arriver près d’elle, autant que la fatigue pouvait me le permettre, lorsque je rencontrai un homme à cheval, qu’elle avait envoyé pour me chercher. Il me raconta qu’elle était depuis douze heures dans les craintes les plus vives ; qu’après être allée à Varsovie, et avoir parcouru les environs, elle était revenue chez elle dans