Page:Constant - Adolphe.djvu/21

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et ils commenceront une nouvelle épreuve, celle de l’intimité sans amour et sans mensonge.

Or, quand les choses en sont venues à ce point, quand l’amour, d’épreuve en épreuve, est arrivé à la satiété, l’enfer a commencé sur la terre. Les amitiés qui se dénouent, les promesses qui mentent, les reconnaissances oublieuses, les dévouements admirés qui se flétrissent, tout cela n’est rien près de la satiété dans l’amour.

L’enthousiasme où l’âme s’est laissé emporter dans les premiers jours de l’engagement, a métamorphosé à son insu toutes ses facultés. La vie entière est changée, et ne peut revenir à ses premières émotions sans d’horribles tortures. Tout ce qui se passe autour de nous avait pris un aspect nouveau, un sens imprévu. Habitués que nous sommes à écouter dans un autre cœur le retentissement de nos souffrances et de nos joies, quand cette intime fraternité, épuisée de lassitude, fléchit et s’affaisse, l’ennui fond sur nous comme un oiseau de proie.

Chaque jour, les deux forçats rivés à cette chaîne, qu’ils pourraient briser, mais qu’ils gardent par ostentation et par entêtement, s’éveillent en maudissant. Chacun entrevoit la vérité,