Page:Constant - Adolphe.djvu/36

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servait cet étranger sans savoir son nom, me dit qu’il ne voyageait point par curiosité, car il ne visitait ni les ruines, ni les sites, ni les monuments, ni les hommes. Il lisait beaucoup, mais jamais d’une manière suivie ; il se promenait le soir, toujours seul, et souvent il passait des journées entières assis, immobile, la tête appuyée sur les deux mains.

Au moment où les communications, étant rétablies, nous auraient permis de partir, cet étranger tomba très-malade. L’humanité me fit un devoir de prolonger mon séjour auprès de lui pour le soigner. Il n’y avait à Cerenza qu’un chirurgien de village ; je voulais envoyer à Cozenze chercher des secours plus efficaces. Ce n’est pas la peine, me dit l’étranger ; l’homme que voilà est précisément ce qu’il me faut. Il avait raison, peut-être plus qu’il ne pensait, car cet homme le guérit. Je ne vous croyais pas si habile, lui dit-il avec