Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/54

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aiguës ou dans la langueur. Vous ne vous vanterez plus de n’avoir rien changé à mon existence. Comme si du moment où je vous ai aimé elle n’avait pas été bouleversée ! Je ne me coucherai plus dans ce lit ; je veux que l’on me le change — je voudrais ne jamais revenir ici — peut-être n’y reviendrai-je plus. « Je le sens, me disiez-vous dans une de vos lettres, ma vie est dévorée, et ce qui n’occupera que quelques-uns de vos moments fera le destin de ma vie ! »

XXI. Benjamin Constant à Madame Lindsay. Le 11 prairial an IX. Paris [31 mai 1801].

Je vous aurais répondu hier même, à l’instant où j’ai reçu votre lettre, si après vous avoir écrit douze pages, je n’avais senti le besoin de mettre de l’ordre dans mes idées, de ne rien laisser de vague dans mes expressions, et de vous mettre à même, en répondant à tout ce que vous me dites, et à tout ce que vous me proposez, d’une manière claire et positive, de décider vous-même sur vos projets et votre avenir. Vous me demandez de vous déclarer mon plan de vie, de rompre d’une manière authentique, de vous donner des preuves de ma rupture, et ces preuves consisteraient en une lettre