Page:Constant - De l'esprit de conquête, Ficker, 1914.djvu/11

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la fidélité aux engagemens, le respect pour l’ennemi courageux, la pitié même, et les ménagemens pour l’ennemi subjugué. Nous voyons, dans l’histoire ancienne et dans les annales du moyen âge, ces qualités briller chez plusieurs nations, dont la guerre faisoit l’occupation presqu’habituelle.

Mais la situation présente des peuples européens permet-elle d’espérer cet amalgame ? L’amour de la guerre est-il dans leur caractère national ? Résulte-t-il de leurs circonstances ?

Si ces deux questions doivent se résoudre négativement, il s’ensuivra que, pour porter de nos jours les nations à la guerre et aux conquêtes, il faudra bouleverser leur situation, ce qui ne se fait jamais sans leur infliger beaucoup de malheurs, et dénaturer leur caractère, ce qui ne se fait jamais sans leur donner beaucoup de vices.