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CHAPITRE IV

D’une race militaire n’agissant que par intérêt


Les peuples guerriers, que nous avons connus jusqu’ici, étoient tous animés par des motifs plus nobles que les profits réels et positifs de la guerre. La religion se mêloit à l’impulsion belliqueuse des uns. L’orageuse liberté dont jouissoient les autres leur donnoit une activité surabondante, qu’ils avoient besoin d’exercer au-dehors. Ils associoient à l’idée de la victoire celle d’une renommée prolongée bien au-delà de leur existence sur la terre, et combattoient ainsi, non pour l’assouvissement d’une soif ignoble de jouissances présentes et matérielles, mais par un espoir en quelque sorte idéal, et qui exaltoit l’imagination, comme tout ce qui se perd dans l’avenir et le vague.

Il est si vrai, que, même chez les nations qui nous semblent le plus exclusivement occupées de pillage et de rapines, l’acquisition des richesses n’étoit pas le but principal, que nous voyons les héros Scandinaves faire brûler sur leurs bûchers tous les trésors conquis durant