Page:Constant - De l'esprit de conquête, Ficker, 1914.djvu/6

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ami G. Rudler[1], son réquisitoire contre l’esprit de conquête. Je l’ignorais même complètement. Mes amis et moi nous avons décidé de le publier comme s’il était inédit, puisqu’il est inconnu. Nous y avons, en effet, constaté que Benjamin a dit tout, — et dans quelle admirable langue ! — tout ce que nous nous efforçons de faire accepter comme des nouveautés hardies. Nouveauté hardie, — bien hardie en effet sous le règne de Napoléon Ier, — en 1813, — sa théorie sur l’incompatibilité du commerce et de la guerre ; « la guerre, dit-il, devient un anachronisme » ; « la tendance générale est vers la paix » ; « le monde de nos jours est précisément, sous ce rapport, l’opposé du monde ancien ». « Tandis que chaque peuple autrefois formait une famille isolée… » « Carthage aurait aujourd’hui tout le monde pour elle » ; « nous sommes arrivés à l’époque du commerce » ; « la gloire militaire n’est plus le but d’une Nation » ; « la guerre n’a plus ni charme ni utilité. » Nouveauté hardie, sa théorie sur le véritable dévouement à la patrie dans la paix, sur la mise en valeur du pays, sur

  1. Voir La jeunesse de Benjamin Constant par G. Rudler, Docteur ès-lettres. 1 vol. in-8o, A. Colin, Paris 1909.