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C’est tomber dans l’extravagance de ces sophistes de Grèce qui doutoient de tout, et finissoient par n’oser pas même affirmer leur doute.

Outre cette absurdité, cette doctrine est désastreuse, parce qu’elle précipite inévitablement dans l’arbitraire le plus complet. Car s’il n’y a pas de principes, il n’y a rien de fixe : il ne reste que des circonstances, et chacun est juge des circonstances. On marchera de circonstances en circonstances, sans que les réclamations puissent trouver même un point d’appui. Là où tout est vacillant, aucun point d’appui n’est possible. Le juste, l’injuste, le légitime, l’illégitime, n’existeront plus, car toutes ces choses ont pour bases les principes, et tombent avec eux. Il restera, les passions qui pousseront à l’arbitraire, la mauvaise foi qui abusera de l’arbitraire, l’esprit de résistance qui cherchera à s’emparer de l’arbitraire, comme d’une arme, pour devenir oppresseur à son tour ; en un mot, l’arbitraire, ce tyran aussi redoutable pour ceux qu’il sert que pour ceux qu’il frappe, l’arbitraire régnera seul.

Examinons maintenant de près les consé-