Page:Constant - La Druidesse.djvu/35

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Et comme elle implorant le secours attendu,
Dans le ciel matinal s’arrête suspendu,
Quêtant un signe heureux sur le champ mémorable.
Pauvre Bélisana ! Le sort inexorable
N’entend point ta prière ? Il se rit des sanglots ;
Lui, roule, va, revient, cours de l’astre et des flots ;
En vain succombons-nous à la mortelle angoisse ;
En vain le doute affreux nous étreint et nous froisse
Tout humides d’espoir, comme de faibles fleurs ;
Le sort laisse tomber et sourires et pleurs.
L’âme, champ de bataille, est sans fin labourée.
L’espérance y défend la chose désirée,
Et la crainte l’attaque avec ses noirs soucis.
Assez, Bélisana ! Donne, donne un sursis
A ces sombres pensers qui dévorent ton âme.
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Mais quel est cet écho ?... C’est la sonore lame
Que l’océan soulève, en soulevant son flanc ;
Qu’il roule, impétueux, sur le sable du banc ;
Qu’il jette avec fracas contre l’îlot rebelle,
Et dont la voix surprend Bélisana la Belle.
L’onde du vaste empire entre à bouillons pressés ;
Mais, par l’étroite passe et l’îlot repoussés,
Les flots pleins de colère en leur course s’entassent,
Grondent avec fureur, comme une flèche passent,
Et par un double assaut refoulent ceux du Mor.
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La Sène se retourne ; Héol aux cheveux d’or
Sur la bruyère au loin, dans sa gloire première
Monte majestueux ; sa divine lumière
Éclaire, anime tout : île, Mor, terre, ciel !
Il semble que le dieu veuille verser le miel
Sur le cœur ulcéré de sa chère prêtresse,