Page:Constant - La Druidesse.djvu/46

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Sous les fouets rageurs de l’affreuse tourmente
Le Morbihan n’est plus qu’une masse écumante.
Bélisana l’éclaire ; et sa douce clarté
Guide le mâle effort de l’intrépidité.
Quels bras audacieux bravent ainsi ces ondes ?
Quelles sont dans la nuit ces barques vagabondes
‘Qui luttent sans terreur, domptent les éléments ?
Pourquoi ce cours unique et ces empressements ?
Toutes, vers Gavr-Ynys, vers la rive abritée,
Tendent avec adresse : et la vague irritée
Bientôt fait place aux flots qui les portent en paix.
Douze barques sont là qui se suivent de près.
La première a touché le sable du rivage ;
Douze nobles guerriers s’élancent sur la plage,
Y tirent leur carène, et gravissant le bord,
Droit au dolmen sacré vont d’un commun accord.
A peine les premiers ont disparu dans l’ombre,
Que la seconde barque amène un même nombre ;
Une troisième suit ; ainsi rapidement,
Toutes, l’une après l’autre, apportent constamment
Douze braves pressés de gagner la tombelle.
Puis de douze autres nefs une file nouvelle
Paraît au même endroit qui reçut les premiers ;
Chacune porte aussi douze vaillants guerriers.
Une dernière enfin, plus imposante barque,
Sous la main de Lez-Breiz atterrit et débarque
Vingt robustes Gaulois, Vénètes valeureux,
Gardant un prisonnier qu’ils poussent devant eux.
Le héros du Gwenet les suit avec son brave,
D’un pas ferme et pressé, mais d’une allure grave,
Morne comme la nuit, un fardeau sur le cœur,
Se jurant que quand même il restera vainqueur
De l’amour dont l’objet doit activer la flamme.