Page:Constant - La Druidesse.djvu/59

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Oui ! je l’aime sans honte,
Ombres de mes aïeux,
Dont la grande voix monte
De ces antiques lieux !

Oui, je l’aime, ô ma Gaule !
Qui sait mieux te chérir ?
Pour toi, c’est sa parole,
Pour toi vivre et mourir !

Lez-Breiz, à toi mon âme,
Comme à moi ton amour !
Mais je crains, pauvre femme :
Quel sera ton retour !

Déjà sur la bruyère une lueur qui passe,
Qui de l’horizon monte envahissant l’espace,
Force Dis à plier les pans de son manteau ;
Héol, c’est le reflet de ton brillant bandeau :
Tu ramènes le jour, le jour de la bataille !
Ta ville du Gwenet, du haut de sa muraille,
Admire, à ton lever, ses vaisseaux sur le Mor.
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La flotte des Gaulois part, glisse, prend l’essor.
Voici de Gavr-Ynys la pieuse tombelle,
Et sur elle, debout, Bélisana la Belle.
La dernière des nefs rase de près l’écueil,
Comme un cygne y cherchant un sympathique accueil ;
Et, sur la poupe altière, un guerrier immobile
En dirige le cours comme un pilote habile.
Le souffle est favorable et le flot bien connu ;
La nef vogue rapide. Une fois parvenu
En face du dolmen et devant la prêtresse,
Comme le dieu du Mor, le guerrier se redresse ;
Au-dessus de sa tête il élève bien haut