Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/110

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Mais j’y étais à peine depuis quinze jours que mon père me manda qu’il avait obtenu du duc de Brunswick[1], qui était alors à la tête de l’armée prussienne en Hollande, une place à sa Cour, et que je devais faire mes préparatifs pour aller à Brunswick dans le courant de décembre. J’envisageai ce voyage comme un moyen de vivre plus indépendant que je ne l’aurais pu en Suisse, et je ne fis aucune objection. Mais je ne voulais pas partir sans passer quelques jours chez madame de Charrière, et je montai à cheval pour lui faire une visite.

Outre le chien que j’avais été obligé d’abandonner sur la route de Londres à Douvres, j’avais ramené une petite chienne à laquelle j’étais fort attaché : je la pris avec moi. Dans un bois qui est près d’Yverdon, entre Lausanne et Neuchâtel, je me trompai de chemin, et j’arrivai dans un village à la porte d’un vieux château. Deux hommes en sortaient précisément avec des chiens de chasse. Ces chiens se jetèrent sur ma petite bête, non pour lui faire du mal, mais au contraire par galanterie. Je n’appréciai pas bien

  1. Voir Appendice XXIV, p. 126.