Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/112

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions au lieu de me rendre moi-même au lieu et au jour qui étaient fixés. M. Duplessis indiquait un autre jour sur territoire neuchâtelois.

Nous partîmes, mon cousin et moi, et pendant la route nous fûmes d’une gaieté folle. Ce qui me suggère cette remarque, c’est que tout à coup mon cousin me dit : « Il faut avouer que nous y allons bien gaiement. » Je ne pus m’empêcher de rire de ce qu’il s’en faisait un mérite à lui qui ne devait être que spectateur. Quant à moi, je ne m’en fais pas un non plus. Je ne me donne pas pour plus courageux qu’un autre, mais un des caractères que la nature m’a donnés, c’est un grand mépris pour la vie, et même une envie secrète d’en sortir pour éviter ce qui peut encore m’arriver de fâcheux. Je suis assez susceptible d’être effrayé par une chose inattendue qui agit sur mes nerfs. Mais dès que j’ai un quart d’heure de réflexion, je deviens sur le danger d’une indifférence complète.

Nous couchâmes en route et nous étions le lendemain à cinq heures du matin à la place indiquée. Nous y trouvâmes le second de M. Duplessis, un M. Pillichody d’Yverdon, officier