Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/44

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un mouvement irrésistible de confiance en vous.

Je disais tout cela en m’arrêtant à chaque mot, et sans regarder madame Saurin. Comme pourtant elle ne répondait point, je levai les yeux, et je vis par son air de surprise qu’elle ne concevait rien à ma harangue.

Je lui demandai si elle n’avait pas reçu ma lettre. Il se trouva que non. Me voilà bien plus interdit, et j’aurais volontiers repris toutes mes paroles, sauf à trouver d’autres moyens de sortir de l’embarras où je me trouvais. Mais il n’y avait plus de ressources. Il fallait achever. Je repris donc :

— Vous avez été si bonne pour moi, vous m’avez témoigné tant d’intérêt. Peut-être en ai-je trop présumé. Mais il y a des moments où la tête d’un homme se perd. Je ne me consolerais jamais si j’avais porté atteinte à votre amitié. Permettez-moi de ne plus vous parler de cette malheureuse lettre. Laissez-moi vous cacher ce qui ne m’était échappé que dans un moment de trouble.

— Non, me dit-elle, pourquoi doutez-vous de mon cœur ? Je veux tout savoir, achevez, achevez.