longtemps dans la tête, que de vouloir se tuer pour une femme, c’était un moyen de lui plaire.
Cette idée n’est pas exactement vraie. Quand on plaît déjà à une femme et qu’elle ne demande qu’à se rendre, il est bon de la menacer de se tuer parce qu’on lui fournit un prétexte décisif, rapide et honorable. Mais quand on n’est point aimé, ni la menace ni la chose ne produisent aucun effet. Dans toute mon aventure avec mademoiselle Pourras, il y avait une erreur fondamentale, c’est que je jouais le roman à moi tout seul. Lors donc que madame Pourras eut fini son interrogatoire, je lui dis que je la remerciais de m’avoir mis dans une situation qui ne me laissait plus qu’un parti à prendre, et je tirai ma petite fiole que je portai à mes lèvres. Je me souviens que, dans le court instant qui s’écoula pendant que je fis cette opération, je me faisais un dilemme qui acheva de me décider.
« Si j’en meurs, me dis-je, tout sera fini ; et si l’on me sauve, il est impossible que mademoiselle Pourras ne s’attendrisse pas pour un homme qui aura voulu se tuer pour elle. »
J’avalai donc mon opium. Je ne crois pas qu’il y en eût assez pour me faire grand mal et