Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/70

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jours à faire, à une cinquantaine de lieues de Paris et qu’il fallait qu’elle me procurât une chaise de poste à louer pour le lendemain, d’aussi bonne heure qu’elle le pourrait. En attendant, comme j’étais fort troublé, je voulus prendre des forces, et j’en demandai au vin de Champagne dont quelques verres m’ôtèrent le peu qui me restait de la faculté de réfléchir. Je m’endormis ensuite d’un sommeil assez agité, et quand je me réveillai, je trouvai un sellier qui me livra une chaise à tant par jour, sans prendre d’informations sur ma route, et en se bornant à me faire signer une reconnaissance que je signai d’un nom en l’air, étant bien décidé à lui renvoyer sa voiture de Calais. Ma demoiselle m’avait aussi commandé des chevaux de poste. Je la payai convenablement et je me trouvai allant ventre à terre en Angleterre avec vingt-sept louis dans ma poche, sans avoir eu le temps de rentrer en moi-même un seul instant. En vingt-deux heures, je fus à Calais. Je chargeai M. Dessin de renvoyer ma chaise à Paris et je m’informai d’un paquebot. Il en partait un à l’heure même. Je n’avais point de passeport, mais dans cet heureux temps, il n’y avait point