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Page:Contes chinois publies par Abel-Remusat, 1827, tome troisieme.djvu/166

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A un aveu si naïf, le philosophe eut bien de la peine à s’empêcher de rire. Il se posséda néanmoins, mais il se disait en lui-même : « Voilà une femme bien pressée ! Comment ose-t-elle se vanter d’avoir aimé son mari, et d’en avoir été aimée ? Qu’eût elle donc fait s’ils se fussent haïs ? » Puis, lui adressant la parole : « Vous souhaitez donc, lui dit-il, que le dessus de ce tombeau soit bientôt sec ? Mais, étant aussi délicate que vous êtes, vous serez bientôt lasse et les forces vous manqueront ; agréez que je vous aide. » Aussitôt la jeune femme se leva, et, faisant une profonde révérence, elle accepta l’offre, et lui présenta un éventail tout semblable au sien.

Alors, Tchouang-tseu, qui avait l’art d’évoquer les esprits, les appela à son secours. Il donna quelques coups d’éventail sur le tombeau, et bientôt