qu’une épouvantable Bête.
Cette réflexion la plongea dans une profonde rêverie ; mais un second coup de cloche les avertit qu’il étoit tems de se séparer. Ils descendirent dans la cour, où le pere trouva deux chevaux, l’un chargé de deux malles, & l’autre uniquement destiné pour lui. Ce dernier, couvert d’un bon manteau, & la selle garnie, de deux Bourses remplies de rafraîchissemens, étoit le même qu’il avoit déjà monté. De si grandes attentions, de la part de la Bête, alloient encore fournir matière à la conversation ; mais les chevaux hanissant & grattant du pied, firent connoître qu’il étoit tems de se séparer.
Le Marchand, de peur d’irriter la Bête par son retardement, fit à sa fille un éternel adieu. Les deux chevaux partirent plus vîte que le vent, & cette Belle dans