Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/168

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blement avec ses fils. Trouvant dans ce Monstre une ame trop belle, pour être logée dans un si vilain corps, malgré sa laideur, il crut devoir conseiller à sa fille de l’épouser. Il employa même les raisons les plus fortes pour lui faire prendre ce parti.

Tu ne dois pas, lui dit-il, t’en rapporter aux yeux. On t’exhorte sans cesse à te laisser guider par la reconnoissance. En suivant les mouvemens qu’elle t’inspire, on t’assure que tu seras heureuse. Il est vrai que tu ne reçois ces avertissemens qu’en songe. Mais ces rêves sont trop suivis & trop fréquens pour ne les attribuer qu’au hasard. Ils te promettent des avantages considérables, c’est assez pour vaincre ta répugnance. Ainsi lorsque la Bête te demandera si tu veux qu’elle couche avec toi, je te conseille de ne la pas refuser. Tu m’avoues en être tendrement aimée. Prend