Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand froid dont il étoit pénétré, de débrider son cheval, & de le faire aller vers une écurie qu’il avoit remarquée dans la premiere cour. Une allée garnie de palissades formées par des berceaux de Rosiers fleuris y conduisoit. Jamais il n'avoit vû de si belles Roses. Leur odeur lui rappella le souvenir d’en avoir promis une à la Belle. Il en cueillit une, il alloit continuer de faire six bouquets, mais un bruit terrible lui fit tourner la tête ; sa frayeur fut grande, quand il apperçut à fes côtés une horrible Bête, qui d’un air furieux lui mit sur le col une espece de trompe semblable à celle d’un Elephant, & lui dit d’une voix effroiable : Qui t’a donné la liberté de cueillir mes Roses ? N’étoit-ce pas assez que je t’eusse souffert dans mon Palais avec tant de bonté. Loin d'en avoir de la reconnoissance, Temeraire, je te vois voler mes