Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/80

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ner, mais ce n’est qu’à condition que tu me donneras une de tes filles. Il me faut quelqu’un pour réparer cette faute.

Juste Ciel ! que me demandez-vous ? reprit le Marchand. Comment vous tenir ma parole ! Quand je serois assez inhumain pour vouloir racheter ma vie aux depens de celle d’un de mes enfans, de quel prétexte me servirois-je pour le faire venir ici.

Il ne faut point de prétexte, interrompit la Bête. Je veux que celle de tes filles que tu conduiras, vienne ici volontairement, ou je n’en veux point. Vois si entre elles il en est une assez courageuse, & qui t’aime assez pour vouloir s’exposer afin de te sauver la vie. Tu portes l’air d’un honnête homme : donne-moi ta parole de revenir dans un mois, si tu peux en déterminer une à te suivre, elle restera dans ces lieux, & tu t’en retourneras. Si