Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/94

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à qui l’on seroit bien aise de nous sacrifier ; mais le devoir n’exige pas de tels sacrifices de nous. Voilà quel est le fruit de là modération, & des moralités perpétuelles de cette malheureuse. Que ne demandait elle comme nous des Nipes & des Bijoux ? Si nous ne les avons pas eues, du moins il n’en a rien coûté pour les demander, & nous n’avons pas lieu de nous reprocher d’avoir exposé la vie de notre pere par des demandes indiscretes. Si par un desinteressement affecté, elle n’avoit pas voulu se distinguer, comme elle est en tout plus heureuse que nous, il se seroit sans doute trouvé assez d’argent pour la contenter. Mais il falloit que par un singulier caprice, elle fut la cause de tous nos malheurs. C’est elle qui nous les attire & c’est sur nous, qu’on veut les faire rejaillir. Nous n’en serons pas les dupes. Elle les a causés, qu’elle y mette le remede.