Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/22

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tour à tour le sujet de ses rêveries. Dans un moment elle se reprochoit de n’avoir pas du retour pour un Amant qui sous une figure monstreuse faisoit paroître une si belle ame. Dans un autre, elle étoit triste d’abandonner son cœur à quelque image fantastique qui n’avoit d’existence que celle que lui prêtoit ses songes. Elle doutoit si son cœur devoit préférer une chimere à l’amour réel d’une Bête. Le songe qui lui faisoit voir le bel Inconnu, l’avertissoit sans cesse de ne point s’en rapporter à ses yeux. Elle craignoit que ce ne fut une illusion vaine que la vapeur du sommeil enfante, & que le réveil détruit.

Ainsi toujours irrésolue, aimant l’Inconnu ne voulant point déplaire à la Bête, & ne cherchant qu’à s’occuper de ses plaisirs, elle fut à la Comédie Françoise qu’elle trouva d’une fadeur