Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/25

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causée) elle se fit les plus durs & les plus sanglans reproches.

Au milieu de ces tristes réflexions, elle apperçut qu’elle étoit dans cette allée même, où la dernière nuit qu’elle venoit de passer chez son pere, elle s’étoit représenté le Monstre mourant dans une caverne inconnue. Persuadée qu’elle n’avoit pas été conduite dans ce lieu par le pur hazard, elle porta ses pas vers le fort qu’elle ne trouva pas impraticable. Elle y vit un antre creux qui lui paroissoit être le même qu’elle avoit cru voir en songe, comme la Lune n’y fournissoit qu’une faible lumière, les Pages Singes parurent incontinent avec un nombre de flambeaux suffisant pour éclairer cet antre, & lui faire apperçevoir la Bête étendue par terre, qu’elle crut endormie. Loin d’être effrayée de sa vûe, la Belle en fut fort conten-