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Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 3.djvu/211

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qui paroissoit assez dur pour soutenir sans danger la chute d’une maison, devint si souple qu’il fit toucher sa touffe à terre, & qu’elle fut maîtresse de choisir les plus belles poires. Il sembloit même que l’arbre, craignant de n’être pas assez étallé, l’invitoit à passer sans crainte sur ses branches : car elles se glissoient adroitement sous les pieds de Lisimene, comme si elles lui avoient voulu indiquer les poires qui méritoient le mieux d’être cueillies ; tandis que de son côté elle observoit poliment de ne point marcher dessus, de peur de les froisser ou même de les rompre.

Quand sa Corbeille fut pleine, la Princesse ne voulant pas borner à des chansons la reconnoissance qu’elle devoit au Poirier, courut à une Fontaine voisine, où elle avoit remarqué une cruche que quelques Esclaves de Richarde y avoient lai-